ENTRETIEN 6.


Calciner la nature.. pour mieux l'ensemencer.

Où l'on comprend en quelquesmots de Christian JACCARD l'étendue de son travail.

Un entretien qui nous restera..



« CALCINER LA NATURE »

FS : Je vous disais tout à l’heure que vous aviez deux phrases magnifiques, cette formule est géniale, vous dites « Calciner la culture ».

Sur ce rapport, nature/ culture, on a l’impression qu’avec le feu, je crois comprendre cela ici, vous ramenez de la nature dans la culture alors qu’elle n’était pas prévue pour ça !?

 

CJ : Ceci fut inauguré par ceux pratiquant l’écobuage appelé aussi culture sur brûlis. Celle-ci est une pratique ancestrale encore effectuée dans certains pays et qui consiste à brûler des herbes sèches pour amender la terre.

Et pour filer la métaphore « Calciner la culture », c’est en fait pour mieux l’ensemencer et la fortifier.

Photo Franck Senaud

FS : C’est presque une conclusion, tant la nature n’a rien à voir avec la culture. Alors remettre de la nature, de la brûlure, de la trace, c’est déjà un hommage extrêmement fort à ces Anonymes calcinés alors que l’on pouvait imaginer initialement que vous en êtes loin. Vous avez l’air d'être fasciné et d’aimer ces images.


CJ : Je disais dans la correspondance échangée avec Germain Viatte * que si je suis qualifié d’iconoclaste, je me considère prioritairement comme un iconolâtre.

J’ai un rapport amoureux à la peinture de chevalet que je vénère parce que je ne sais pas la faire de manière bienséante.

 

FS : Votre propos me fait songer à l'univers romain décrit dans « Le Sexe et l’effroi » de Pascal Quignard sur le rapport entre cette peinture romaine et la fascination pour l’instant de mort, le moment de la disparition.

Le monde qu’il décrit fait penser à ce que vous avez fait là.


 

* Christian Jaccard , Conversations, collections Écrits d’artiste éd. de l’ENSBA, Paris

 

*exposition itinérante à la Villa Tamaris, La Seyne–sur-mer ; au Centre d’art contemporain, Domaine de Kerguéhennec puis à l’Abbaye Saint-Jean des Vignes,musée de Soissons et à l’espace d’Art contemporain de Colmar.


JACCARD. Entretien 6