PLISSART. Entretien4. RECADRER

 

La photo parfaite, équilibrée se trouve-t-elle en une fois ?

Et peut-on y retoucher ? Réponses des campagnes de Mons aux toits de Bruxelles.

 




Franck : Ce n'est pas difficile de mettre en scène quelque chose qui est donné à un tel point ?

Plissart : Non.

Franck : C’est-à-dire : comment vous allez la cadrer, la composer ?

Plissart : Ici c’est très simple : la frontale. Je ne suis pas d’accord avec vous, il s'agit quand même de voir les choses. Quand je vois ces arbres, tout d’un coup ça me frappe je trouve ça très beau, je prends la photo. J'y suis retournée plein de fois, les feuilles avaient poussé. Je me suis dit que j’avais de la chance, c’était au début, ça devait être fin avril début mai.

Franck : Je trouve que le point commun entre cette image et celle des chevaux c’est les relations, on dirait des individus, ils ont l’air d’être en relation entre eux.

Plissart : Et alors je me souviens, j’ai vraiment tourné autour. Je suis restée peut-être une heure, à me dire ça c’est bien.

Ca c’est vraiment le plaisir du photographe.

Franck : Vous prenez peu de photos ? Vous choisissez ensuite ?

Plissart : Est-ce que je cherche beaucoup ? Oui. Parfois ça vient tout de suite mais quand je vois que le sujet est bon... Ici je n’ai pas vu tout de suite, c’est une photo recadrée. Vous allez dire c’est très évident, mais non ce n’est pas évident. Maintenant elle est là. Après les photos sont évidentes quand elles existent.


Franck : Il y a une espèce de discours vain des photographes sur le fait que ce soit recadré ou pas. Vous la fabriquez votre photo là.

Plissart : Oui. D’abord j’ai mis beaucoup de temps à trouver la méthode quand cette personne m’a demandé si je voulais faire un film sur Bruxelles vu des toits, j’ai dit oui, j’étais super contente et après au milieu du travail j’ai failli dire que je renonçais à la commande parce que c’était trop difficile et je ne trouvais pas la méthode. J’ai très souvent ce problème, je commence un travail, je suis très contente et puis ça ne va pas, c’est la catastrophe, et, chaque fois, ça va après. Maintenant c’est tout le temps aussi.

Franck : La première étape de travail ne vous servira pas à la fin ?

Plissart : Non. Je m’étais dit que j’allais donner des photos que j’avais déjà faite des toits, mais je n’en avais pas beaucoup et il n’y avait pas d’unité ! Et, tout d’un coup, j’ai compris comment faire et là je ne pouvais plus m’arrêter ! Et d’ailleurs j’ai continué après ! C’était travailler à la chambre, de ne pas mettre l’horizon au milieu. Ce n’est pas le cas dans tous mes bouquins, soit il n’y a pas d’horizon, soit il est très haut. Parce que c'est ce qui est naturel : quand je suis sur un toit j’ai « ça » de ville et « ça » de ciel, ce n’est pas intéressant. Si on renverse le rapport, j’ai beaucoup d’horizon et c’est ce qui m’intéressait. Une fois que je l’ai compris, je cherchais les heures, les lumières, je revenais plein de fois.