YAHIA. COSTA BRAVA

" Brave

  

Je marche

  

Le long de la Costa Brava

  

Saoule de douces violences

  

Et d’insultes ordinaires"



Brave

Je marche

Le long de la Costa Brava

Saoule de douces violences

Et d’insultes ordinaires

De « cojones » plein la bouche

Qu'on va sortir : « Te le juro !!! »

Et qu'on ne sortira jamais

De blasphématoires « Em cago en déu ! »

Toute ordurerie s’ajoutant aux mauvais sorts permanents

 

Brave je marche

Le long de la Costa Brava

De ses embouteillages de bagnoles clinquantes comme des manèges

Et des sirènes d'alarmes rembobinant la nuit

De gyrophares comme projecteurs vert

Guillotinés rouge

Giclant vert

Rouge

Et vert et rouge

 

Brave Je marche le long de la Costa Brava

Et d’un tapage nocturne autant que diurne

Et plus encore

Puisqu’il faut matraquer la nuit à coups de néons insomniaques

Le jour à coups de soleil rauque

Et pour toute aube se contenter

Des lambeaux de foutre caillé des préservatifs usagés

 

Brave Je marche le long de la Costa Brava saoule

De tapas trop frites

Et d'alcools forts pour Suédois

De flots d'huiles d'olives frelatées

Et dessus les parkings d'huiles de vidange souillés

Où les bagnoles sont des putes

Et les putes ont des culs de bagnoles

Cellulitées de mayonnaise sucrée jusqu’à la débilité

Partout voltigent

Des sacs plastiques décharnés

Ensorcelés comme autant d’avortons fantômes

 

Brave je marche le long de la Costa Brava saoule encore

Et des intenses relents de pisse par la chaleur recuite

Et des fumets diaboliques de merde humaine exhalant au moindre buisson

Et des notes d'hôtels comme des confettis « por el culo »

Et des petites serviettes en papier à profusion pour s’en mal torcher

une bouche toujours grasse

 

 

Brave toujours je marche le long de la Costa Brava saoule toujours

Dans les avenues des processions « de turistas » le regard goinfré

De confiseries phalliques au gigantisme aberrant « para los niños »

Comme cathédrales de sucreries fondant sous les stores « de las tiendas »

Puisque même le sucre il faut sucrer

Puisque même le sucre il faut saler

Sur la Costa Brava

 

Brave je marche le long de la Costa Brava saoule encore et toujours

De piscines électrocutées translucide

De pétards jaune-soudain (!) aux parfums de révolutions mouillées

De pâles incendies à l'éclat éteint

Anedoctiquement plus vifs que le jour

Et sur la mer qui se la joue bleue Californie de série B

De toboggans dégoulinant de blancs écorchés violet

De « sensacionales » parachutes ascensionnels lourds de chiasse

De trouille et d’indigestions

Et sur les plages

De hors-bord colériques cognant la mer sur un rythme binaire de Techno

D'avions publicitaires aux banderoles rouge sang

Agaçant le taureau furieux de la canicule

Et sur les avenues où les touristes font procession somnambule

De boutiques de pacotilles kitchs

Et d'armureries pour enfants

Et de milliers de gadgets multicolores

 

Brave je marche le long de la Costa Brava saoule

De « Jota » et de « Rlrlrlrlrle  !!! »

De tous les mots au pluriel et à l’exclamatif

De tout un attirail de mitraillettes verbales

Et des déclarations de guerre éclatantes

D'émissions télé à profusion

Et de derniers feuilletons américains à en vomir

Volume à fond traversant les rez-de-chaussée ouvrant leur vacarme sur la nuit

Où chaloupent « las chicas » stringuées blanc

Tonguées turquoise

Aux pupilles godées

Autant de couleurs et de signaux faciles

 

Brave je marche

Le long de la Costa Brava

De ses barres HLM de 27 étages sur la plage et dans le ciel

c’est aussi mon âge et sur la plage et au ciel

De ciel ténébreux comme ses fausses blondes orageuses

De sa glaise sanguinaire l’air faussement mélancolique

De poignards de pacotille mais qui pourraient tuer

De cathédrales d'attractions

De « supermarcados » comme « las discotecas »

Et de « discotecas » comme « los supermarcados »

De « supermarcados » de dopes et de cholestérol

 

Bref

Je Marche

Brave

En nage

Nage dans un poisseux danger

Je brave

La Costa Brava

Saoul à mon tour

Sur la Costa Brava

Je marche le long de la Costa Brava

Même la lune est un néon brulant

Un divertissement

Une beauté sodomisée

Pillée

Païenne

Sur la Costa Brava de mes pas je suis le sauvage passager


 

Christophe YAHIA

est poète, philosophe et mauvais esprit. 

J'espère qu'aucun super-héros ne traine dans le coin !?