Prefigurations (AA) : Van Gogh était-il un peintre voyageur? Est-il allé au Japon ?

Franck SENAUD: Dans la courte carrière de Van gogh (1880-1890) n'a pas été au Japon. Le Japon était dans l'air de Paris depuis les années 1850 (son ouverture économique comme les expositions universelles (d'abord à Londres)) au monde, on le retrouve chez des artistes raffinés anglais, chez Manet (Portrait d'Emile Zola de 1867-1868) et Whistler puis à l'opéra, dans les romans, dans certaines boutiques de thé parisiennes.

C'est à Anvers en 1885 qu'il découvre les estampes et les collectionne; mais c'est en arrivant à Paris l'année suivante qu'il revient si souvent dans le magasin de Samuel Bing, à quelques pas de son appartement montmartrois. Van gogh, devant ces milliers de gravures sur bois japonaises chaque jour assimile un Japon d'images. Il écrit à son frère Théo : "[...] cela m'a donné l'occasion de contempler longtemps, en toute tranquillité, beaucoup d'estampes japonaises. Sans ces estampes japonaises, ton appartement ne serait pas ce qu'il est".

Et toujours, se mettant à l'épreuve de cette culture visuelle, Van gogh "devient japonais". En 1888, il se rase le crâne, comme un moine bouddhiste, il écrit à sa sœur Wilhelmina (dans une lettre datée d'Arles, septembre 1888, il a quitté Paris mais le Japon est resté) : "J'ai fait un nouvel autoportrait, comme étude, sur lequel j'ai l'air d'un japonais... Plus je deviens laid, vieux, mauvais, malade, pauvre, et plus je cherche à prendre ma revanche comme peintre, en rendant mes couleurs lumineuses, harmonieuses et rayonnantes".

Le Japon par ses images transforme Van Gogh.