LAUGERO. Street art, art à part ? Rencontre

 

Inviter la rue à faire salon ? Tel est le défi, par sa collection, ce festival evryen, sa passion de Nicolas Laugero Lasserre. Quelques questions sur ce lien entre l'art à la marge et l'art institutionnel.

 

Une rencontre avec Franck Senaud.



Franck Senaud:

Tu as commencé avec l'agglo d'Evry à inviter des street artistes à poser sur des murs: comment le choix des artistes et des lieux se font ?



Nicolas Laugero Lasserre:
Il y a de nombreux courants dans ce mouvement. J'ai eu envie de mélanger les générations, il y en a 4, les territoires, avec des locaux, des nationaux et internationaux et aussi les esthétiques avec des artistes provenant d'un street art plus figuratif et d'autres qui ce sont affranchis du lettrage de rue pour aller vers l'abstraction...
Je tiens aussi à ce qu'il y ai des femmes, moins nombreuses dans le mouvement.

 

FS: Un des principes du street art est son indépendance et ses intentions politiques. Difficile, à priori, pour une institution de guider les artistes et pour les artistes, nouveauté que de répondre à une commande. Comment l'agglo est venu te voir ?

 

 

NLL:

 

Ce projet est né de Najwa El Haite, adjointe au maire chargé de la culture à Evry.

Dans le cadre de son nouveau mandat, elle a su convaincre le maire et président de l'agglomération Francis Chouat, de l'importance d'un accès de l'art au plus grand nombre et de l'impact de donner à la ville une signature artistique à travers l'art urbain.

 

 

 

FS:

Que t'a-t-elle "commandée"?

 

NLL:

La commande porte sur une direction artistique et une programmation d'artiste urbain, street art et post graffiti dans l'ensemble des 6 villes de l'agglomération ainsi que d'une série d'expositions.

 

Le but étant d'accueillir 50 artistes urbains en deux ans sur le territoire.

 

FS:


Et comment les artistes le reçoivent ?

 

NLL:

Pour les artistes, c'est toujours un plaisir de transporter leurs univers partout où ils peuvent. C'est l'essence même de leur travail et probablement de leur existence.

 

C'est donc une formidable opportunité pour les artistes aussi bien locaux que nationaux et internationaux de venir peindre les murs de leurs concitoyens... Et d'amener de l'art et des couleurs dans les villes!

 

FS:

le street art vient et veut rester dans la rue, les musées, les critiques veulent les intégrer mais semblent hésiter: à la dernière FIAC, vous étiez dehors et pas avec les galeries!? Que va-t-il se passer dans les années à venir?

 

NLL:

Si l'on considère que ces praticiens sont des artistes à part entière, c'est ma théorie, alors ils peuvent créer aussi bien dans la rue que dans leur atelier. Comment peut on considérer que les artistes urbains sont condamner à ne créer que dans la rue ??

Ils sont libres de créer partout. Le travail d'atelier leur permet souvent de poursuivre le travail gratuit et militant dans la rue

 

La question de l'intégration dans l'institution et dans le marché de l'art est en marche. Les expositions muséales s'enchaînent en France et à l'étranger et les foires commencent à accorder de plus en plus de place au mouvement.