ROSENSTHIEL. Entretien10. CONSEILS POUR SORTIR D'UN LABYRINTHE

 

Cet homme est extraordinaire! Avec le même sourire généreux, il indique à la fois le moyen de sortir d'un labyrinthe et être à la source de l'inspiration du rhizome de Deleuze et Guattari. Il faut lire cette avant-dernière partie pour le croire.

 



FS : Ton éditeur devrait l'écrire en grand : tu donnes un système pour sortir du labyrinthe ! Les amateurs n’y croient pas ! Et notons, même si l'on ne lit pas le livre : prendre toujours à gauche, cela ne marche pas !

 

Pierre Rosentiehl : La règle profonde est « en tout lieu l’entrée sera la sortie », c’est-à-dire que tu te conserves le couloir, par lequel tu es arrivé la première fois, pour la fuite extrême.

Le scribe gère son petit coin, il voit passer l’explorateur qui passe et repasse. L’explorateur, il l’a vu arriver une première fois par un couloir, il faut qu’il conserve ce couloir comme dernière ressource pour quitter le lieu quand l’explorateur reviendra.

 

FS : S’il ne revient pas c’est qu’il a donc trouvé la sortie ?

 

Pierre Rosentiehl : Non, il reviendra ! C’est çà le mystère, c’est qu’il reviendra toujours. Si chacun fait çà, il reviendra.

 

FS : Je t’ai interrompu, tu disais qu’il y avait un second livre référence sur les labyrinthes ?

 

Pierre Rosentiehl : Oui, l’autre livre est celui de l' allemand Hermann Kern, strictement sur le labyrinthe. C’est l’encyclopédie, de collectionneur formidable de labyrinthes, de l’art moderne aux Crétois , c’est un très beau livre.

FS : On trouve dans ton livre, les Grecs, les Égyptiens; les Minoens mais aussi des artistes contemporains. Ton goût pour l’art ou pour le voyage se retrouve dans le livre, il a l’air d’influencer ce travail. Mais il y aussi ton goût pour la lecture, ici la bibliographie est conséquente : tu cites Eco, Deleuze, Guattari.

 

Pierre Rosentiehl : Nous avions écrit avec Jean Petitot vers 1960-1965 un article dans une revue du style Esprit, sur les systèmes acentrés.

Petitot est aussi un mathématicien porté sur les problèmes sociaux. Un copain, très séduit par cette idée, l'explique alors à Guattari, cette théorie des rhizomes. Et Guattari a écrit plus tard sur les rhizomes avec Deleuze.

 

FS : Tu serais source de cela alors ??

 

Pierre Rosentiehl : Oui (sourire), enfin, on a la traçabilité de cela !

 

FS : Le rhizome c’est la comparaison végétale ? C’est pour que cela fasse image que cette comparaison arrive ?

 

Pierre Rosentiehl : Le rhizome est dynamique, il prend racine un peu partout, il se nourrit localement, il prolifère.

 


ROSENSTHIEL. Entretien 11 et fin. BORGES ET BABEL