PATAUT. Entretien1. Se lire

 

Sortie du livre de nouvelles "Le Cas Perenfeld" (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) et réflexions passionnantes sur ce qui lie les récits entre eux, les sépare, les classe, les nomme etc etc.

Un seul AUTEUR ?

 

Entretien avec Franck Senaud

 



 

Franck SENAUD:

Comment ces textes sont-il nés?

 

Fabrice PATAUT:

 

Assez souvent dans la douleur et pour la plupart d’entre eux plusieurs fois.

J’écris très lentement et de manière régulière, au point que toute écriture est une incessante réécriture de quelques phrases initiales qui en suggèrent d’autres au fur et à mesure que je tâtonne. Je jette beaucoup ; ce que je conserve est une infime partie de ce que j’entreprends.

 

 

Les textes du recueil qui ont déjà fait l’objet d’une publication, voire de plusieurs publications successives, ont tous été remaniés de nombreuses fois. De même les inédits.

 

 

Quant aux circonstances particulières dans lesquelles ces nouvelles sont nées, elles sont très disparates. Le texte sur l’origine des nouvelles en fin de de volumes donne quelques pistes. C’est souvent une lecture, parfois une observation anodine ou une circonstance fortuite qui a été l’élément déclencheur. Ou alors une promenade au hasard dans une ville étrangère, comme pour «Le Cas Perenfeld» (Bucarest, Lugoj) et «Heureux dénouement» (Sienne).

 

Je crois parfois à tort qu’un quartier — par exemple, un quartier de Los Angeles pour «Les fourreurs» — a joué un rôle exemplaire, alors qu’Odessa était en cause.

 

 

Je suis souvent dans l’erreur. Je n’ai aucun plan déterminé à l’avance lorsque j’entame l’écriture d’une nouvelle.

 

Odessa

F. S.

 

Comment as-tu décidé cet assemblage? Comment, en règle générale, rassembler ou assembler des textes épars?

 

 

F. P.

 

L’idée était de réunir des nouvelles difficiles à trouver parce que publiées sous la forme de beaux livres illustrés à tirage limité, ou alors dans des revues confidentielles, des plaquettes, des catalogues d’exposition, des volumes collectifs. La table périodique en fin de volume indique des thèmes communs ou récurrents. Elle n’est pas exhaustive. Elle donne des pistes et certaines nouvelles relèvent éventuellement de thèmes différents.

 

 

Et puis il y a également la question de l’ordre. Nous avons voulu avec mon éditeur alterner les textes en fonction de la longueur, des thèmes, et du style. On peut bien sûr lire ces nouvelles au hasard, mais si on les lit dans l’ordre de présentation, on retrouvera avec plus de facilité des personnages récurrents, et même peut-être une certaine progression dans la manière dont ils sont dévoilés ou envisagés sous un angle différent.

 

 

 

 

Le lecteur les perd un instant et les retrouve quelques nouvelles plus loin, souvent de manière inattendue. Il y a une nouvelle qui parle de quelques autres textes du recueil, intitulée «Petites conversation avec Maria de Lurdes».

 

C’est un texte résolument autobiographique qui livre en quelque sorte des petits secrets de composition, qui s’attarde sur des doutes et des hésitations.