REBOIS. Danse mémoire. Rencontre.

Réalisatrice de documentaires autour de danses, transmissions, mémoires et corps, elle revient avec nous sur son travail d'écriture et les liens entre 20 ans de travaux fascinants.

 

Entretien avec Franck Senaud. Octobre 2017



FS:

 

Est-il excessif de dire qu'il y a comme des points communs entre So Schnell, histoire d’une transmission et votre dernier film Dans les pas de Trisha Brown celle d'une transmission seconde ?

 

 

 

 

MH REBOIS:

 

Oui il y a comme des poins communs entre « So Schnell, histoire d’une transmission » et « Dans les pas de Trisha Brown ». 

 

On peut en faire l’inventaire : le lieu -l’Opéra de Paris, le sujet -la transmission d’une chorégraphie, l’absence du chorégraphe de cette chorégraphie dans les 2 cas au moment de la transmission, le répertoire de ces 2 œuvres chorégraphiques, créées en 1979 pour Glacial Decoy, en1990 pour So Schnell  : la danse contemporaine, et le choix du sujet - le travail de transmission et non le résultat du travail la pièce elle-même.

 

Pourtant j’ai envie de dire que ces 2 films sont bien différents car le rapport au temps du travail de la danse n’est pas du tout le même. Et j’ai envie de dire ça change tout. 

 

 

En effet pour « So Schnell »  de Dominique Bagouet les danseurs transmettent une pièce créée 6 ans auparavant dans laquelle eux même dansaient. Dominique Bagouet est mort fin 1992. Ils sont proches de cette œuvre, de cette danse. Donc il n’y a pas vraiment de difficultés de mémoire pour les danseurs de la compagnie Bagouet. Le difficulté pour eux vient plus du fait que les danseurs de l’Opéra ne sont formés comme eux à cette danse. Donc ce qui ressort nettement de l’expérience filmée ce sont les innombrables différences entre danse classique et danse contemporaine que les « transmetteurs » relèvent sans arrêt.

 

 

 

Pour « Glacial Decoy » 35 ans sont passées depuis la création et il faut la retrouver, comment se souvenir d’une danse qui n’a pas pu être notée et comment solliciter la mémoire du corps 30 ans après ? 

 

 

 

Pour moi la différence c’est bien sûr  que j’avais fait « So Schnell, histoire d’une transmission » vingt ans avant de faire « Glacial Decoy, dans les pas de Trisha Brown » et que j’ai pu affiner ma recherche du temps et du corps perdus en revenant à l’Opéra une deuxième fois …. Pour un sujet apparemment similaire.