HATT. Agitation. Rencontre

 

Cyrill HATT est sculpteur mou ou photographe assembleur ou observateur pop du quotidien ou conceptuel, en tout cas il modifie notre rapport aux choses, au bien fait, au monde.

 

Entretien avec Franck Senaud. Décembre 2016



FS:

quelle pièce pensez vous présenter à cette exposition ?

 

 

CH:

Je compte présenter  une moto.
Je l'ai trouvée en Suisse. Elle appartenait à Claude Nobs.
Pour moi, photographier un objet c'est un peu comme le dérober.

 

FS:

pourquoi une moto présentée à Icart ?
En quoi cette pièce parle de l'Agitation(s) de notre monde selon vous?

 

 

CH:

J'ai décidé de présenter une moto car c'est un objet puissant qui procure des sensations intenses. Grâce à elle, on peut se déplacer rapidement. Sur un coup de tête on peut changer de géographie.
Lorsque je choisis un objet à photographier, je laisse agir le désir.
La moto m'a plue, je l'ai dérobée tout simplement.
La moto a un rendu cabossé dû à mon procédé de fabrication. Elle semblerait avoir été mise à l'épreuve ou bien tout droit sortie d'un accident. Cependant elle tient encore debout, chaude prête à être démarrée.

FS:

Est-ce que l'on peut dire que tes objets bougent/remuent ou qu'ils sont flous ?

 

CH:

La moto va occuper l'espace de la chambre de façon ambigüe.
Une photo étant un arrêt sur image, on aurait tendance a obtenir un effet plutôt figé. Afin de rentrer dans le thème du festival, je me dois de travailler la mise en scène de l'oeuvre. Je compte apporter un éclairage stroboscopique sur la moto qui est elle même composée d'une multitude d'images photographiques. Je sais que ce type d'éclairage peut être fatigant pour les yeux. On a du mal à fixer son regard longtemps sur le sujet éclairé. Cependant, les flashs du stroboscope donneront vie à la moto, comme si le moteur était allumé et que l'on accélérait en gardant la main sur le frein. La moto, même si elle n'est pas en mouvement donnera l'impression de bouillonner, du moins, je l'espère. Un peu comme un hélicoptère dont les palles tournent à 30 tours/seconde avant de décoller. Petite anecdote : Agusta fabriquait des hélicoptères avant de construire des motos.


Lorsque je photographie un sujet, je suis obligé de prendre plusieurs angles de vue afin de reconstruire les 3 dimensions. Il me faut au minimum 6 prises de vues. On peut donc conclure qu'une oeuvre est composée de plusieurs temporalités. Les flashs du stroboscope souligneront cet aspect de l'oeuvre.

A SUIVRE