IZARD. Entretien. Inventer un mythe

 

Le co-créateur de l'île aux enfants de 1974 à 1982 nous éclaire sur la gestation des émissions, leur écriture et leur mise en scène. Un travail complet de mise en forme



Entretien Franck Senaud



Franck Senaud :

 

Le livre "Nos années Casimir" montre bien, du voyage aux Etats-Unis au travail avec les marionnettistes, les musiciens jusqu'à à l'émission pilote, vos talents d'organisateur, mais il dit aussi plus implicitement vos talents d'écriture. Des chansons, scénarii, répliques comment écriviez-vous ?

Et, question moins anodine qu'elle n'y parait: que lisiez-vous ?

 

Christophe IZARD:


Un projet comme l'île aux enfants commence, je crois, toujours par l'écriture. Pour ma part je ne suis pas partisan d'écrire une "Bible" c'est-à-dire de définir tous les caractères des personnages et les rapports qu'ils ont entre eux, comme cela est devenu la règle.

J'ai besoin, dès le début, de sentir vivre mes personnages. J'ai donc commencé par écrire des épisodes, quitte à les mettre à la poubelle.


Au Etats-Unis, j'avais travaillé sur l'adaptation de Sésame Street, qui s'adressait aux enfants de milieux défavorisé pour suppléer à l'absence d'école maternelle gratuite. Avec les psychopédagogues que j'ai rencontrés en France, j'ai compris, qu'en raison de la qualité de l'école maternelle chez nous le problème se déplaçait à l'entrée du CP. J'ai donc choisi un univers sans la présence des parents, c'est-à-dire comme à l'école, mais en plus joyeux.


Ce que je lisais? Pratiquement plus rien, du moins en ce qui concerne les romans et les œuvres théâtrales. En effet, définir un style de langage et encore plus de dialogue entre plusieurs personnages est très délicat. Si alors je lis un livre dont le style m'impressionne, j'ai plus de mal a retrouver le mien le lendemain matin, et je savais que j'entrais dans un longue période d'écriture.

 

FS:

Vous avez écrit une très grand nombre d'épisodes et, dès le départ, 120. Comment répartissiez-vous vos thèmes?

Ecriviez- vous l'un après l'autre ? Et comment commencez-vous?


CI:

L'écriture des premiers épisodes, une cinquantaine fut un long travail en solitaire.

Ensuite j'ai contacté Roger Pouly, le chef d'orchestre, entre autres, de Charles Trenet, pour écrire des chansons avec moi. Puis Yves Brunier pour me proposer des projets de marionnettes, pour donner une apparence physique au personnage vedette de l'émission que j'avais appelé Casimir.

En même temps j'ai engagé les premiers comédiens et en fonction de leurs caractéristiques, j'ai porté le nombre de mes scenarii à 120. Alors le concept se trouvant donc bien fixé, j'ai commencé à prendre des coauteurs.

FS:

J'imagine que les détails de dessin des yeux, du visage, les pois furent décidés par le marionnettiste Yves Brunier, pourtant le livre précise que sa couleur orange vient du contraste souhaité avec le décor vert.

Ce qui me fait supposer des ajustements liés à l'expérience, dans quelles mesures le tournage, la réalisation ont influencé les formes, couleurs ou contenu des histoires ?

CI:

Les détails physiques du costume de Casimir étaient de la responsabilité d’Yves Brunier. 

Pour la couleur orange du costume, la décision fut collégiale. De toutes façons, l’influence du studio, sa forme et sa taille, les décors, les moyens techniques de la régie vidéo, qui permet ou ne permet pas tel ou tel effet spécial… tout cela a une incidence sur la réalisation et ainsi sur l’écriture des scénarii.


Retrouvez-le à l’Espace Déclic 10, rue Aristide Briand - Étampes - présente : NADINE FORSTER

EXPOSITION DU 6 DÉCEMBRE 2014 AU 10 JANVIER 2015

Vernissage le vendredi 5 décembre, à partir de 19h

www.espacedeclic.com