ROSENSTHIEL. Entretien8. ART ET LABYRINTHE

 

Labyrinthe: lieu commun. Pierre Rosenstiehl parle aussi d'art, des arts, de la Crète ancienne à l'art le plus contemporain.

 



FS : Connais-tu JEPPE HEIN ? Il fabrique des labyrinthes avec des jets d'eau qui inter-agissent avec les spectateurs. Tu avances et un rideau d'eau se crée. Le spectateur qui fabrique le labyrinthe.

 

Pierre Rosentiehl : C'est beau. C'est un labyrinthe très dynamique !

FS : Il a fait quelque chose comme cela à Beaubourg. Tu étais dans une grande pièce, sur un plateau nu, vide, tu avais un casque sur les oreilles, et lorsque tu étais devant un mur, cela sonnait. Mentalement, c'était très dérangeant. Il fallait sortir du labyrinthe mais il n'était pas présent ! Il suffisait de retirer le casque et le labyrinthe disparaissait.


Tu cites par endroit les mots du labyrinthe à l'instigation de Roland Barthes, tu publies aussi un article lors de l'exposition Erre du Centre Pompidou en 2011 sur le labyrinthe mental.

Est-ce un goût pour l'art ou un goût pour le labyrinthe qui t'amène à écrire ici ?

 

Pierre Rosentiehl : Je vais te dire un morceau de vérité.

Je l'ai dénoncé discrètement dans le livre, il y a eu tellement d'analyses sur les labyrinthes : c'est le symbole de n'importe quoi et on peut toujours y trouver de tout.

Les organisateurs de l'exposition Erre sont venus me voir dans mon bureau, on a discuté. Ils savaient que je n'étais pas un manipulateur car mon métier était d'être géomètre. Nous sommes convenus que je ferai une introduction sur le labyrinthe mental. J'essaye de rester dans mon domaine.

Il y a déjà tellement à comprendre uniquement avec l'outil géométrique à propos du graffiti crétois, que ce n'est pas la peine d'ouvrir sur d'autres domaines.

Catalogue exposition "Erre" Centre Pompidou

FS : L'intuition que tu as sur le labyrinthe crétois pourrait, sur d'autres livres à venir, révéler d'autres modèles visuels de labyrinthes ou celui-ci est le plus signifiant ?

 

Pierre Rosentiehl : C'est le plus signifiant.

Sans nul doute, il était dans la tête aussi bien des dessinateurs romains de mosaïques, que des compagnons qui dans toute l'Europe ont fait des labyrinthes d'églises, jusqu'à cette clé de voûte à Chartres où l'on retrouve le graffiti crétois.

 

FS : Tu dis que tu restes dans ton domaine, mais en même temps, ta sensibilité et ta curiosité personnelles font que l'art t'intéresse. C'est une manière de regarder ton travail autrement.

 

Pierre Rosentiehl : Bien sûr.