CABRERO.   La rue est notre terrain de jeu

 

Le graffiti issu du vandalisme peut-il intégrer le street art bien poli ? Ici non car lorsque The Warriors débarquent c'est du côté obscur qu'ils se placent. Théo CABRERO est cité comme témoin.



Pour ce nouveau numéro consacré à la culture du Street Art, je ne pouvais pas passer à côté de « The Warriors »… Une petite pépite développée par Rockstar Toronto et qui débarque dans la sphère vidéoludique en 2005. Je m’en souviens très bien, car pour être honnête, « The Warriors » est peut être l’un des jeux vidéo qui aura le plus tourné sur ma PlayStation 2


« The Warriors » n’est pas une création originale. C’est une adaptation libre du film de Walter Hill, « Les Guerriers de la Nuit », sorti en 1979 aux Etats-Unis. Le film est lui-même une adaptation du roman éponyme de Sol Yurick.


Dans ce film, il est question de gangs qui se disputent un territoire à travers des règlements de compte d’une rare violence. Il y a une ville, New York, représentée par ses bas quartiers. « Les Guerriers de la Nuit » s’attache donc à dépeindre une vie parallèle, où toute une population s’éveille quand une autre se couche, afin de laisser place à leurs propres règles et à leur propre culture. Une culture urbaine, brute, nocturne, ce qui laisse place à une imagerie forte et percutante.

Guère étonnant que le film de Hill s’est définit comme un objet de culte auprès de toute une génération, influençant divers artistes à travers le monde, notamment en France.


Si les adaptations de films en jeux vidéo (et vice versa) font souvent pâle figure, il faut avouer que les studios Rockstar ont réussi leur coup. Tout en restant extrêmement fidèle à l’œuvre d’origine (ville, gangs, personnages, scénario, etc.), les développeurs ont puisé dans cette ressource narrative afin de le confronter à la structuration technique et ludique du format vidéoludique.

« The Warriors » se définit ainsi comme un beat them all où notre avatar progresse dans un récit structuré, fait de combats en duel ou en groupe, de vols, d’errance en métro et de défis en tout genre… Oui, nous incarnons le membre d’un gang, donc un voyou de première catégorie qui fait autre chose que du jardinage vous vous en doutez bien…


Ce n’est pas la première fois que je parle des studios Rockstar dans mes articles. L’une des raisons principales est que, pour chacune de leur production, les développeurs attachent un intérêt notable aux détails. Et à l’heure où les superproductions vidéoludiques se ressemblent de plus en plus, le détail fait souvent la différence.

Ainsi, « The Warriors » nous immerge dans un espace urbain crédible et clairement cohérent avec l’univers du film dont il s’inspire. La ville n’est pas un simple mur pixélisé où notre avatar évolue en « couloir », c’est une surface vivante, animée et avec laquelle on interagit. Rockstar a donc utilisé avec intelligence les codes interactifs et ludiques du jeu vidéo, pour créer un game design qui renouvelle l’univers dramatique de son ainé. C’est en ce sens qu’une « adaptation » trouve son sens premier.


Un des exemples les plus parlants réside dans l’ensemble des missions où notre personnage doit s’essayer au graffiti urbain, notamment dans des battlescontre le maître du graffiti Scopes. Des niveaux entiers ont été conceptualisés par les développeurs afin de faire du graffiti un véritable levier ludique, tout en le confrontant à des niveaux de difficulté plus ou moins importants. Ou comment transformer un élément de décor, une culture décrite en toile de fond dans une œuvre générationnelle, en un véritable élément de jeu.


Comme « Canis Canem Edit », le jeu mis en exergue dans ma dernière chronique, « The Warriors » se définit comme une création singulière puisant dans un large référentiel culturel et artistique, pour proposer à son utilisateur un objet à la fois riche et immersif.


Amis joueur, à vos bombes !



Théo CABRERO

s'intéresse à tout, découvre des pépites et allume la mèche..