BON. Rolling Stones family. Rencontre.

 

L'histoire des Stones est la notre dit François Bon en ce "qu'elle nous a constitué dans ce que nous sommes". Le rock comme culture structurante ?

 

Questions de Franck Senaud.

Août 2016



Franck SENAUD

Vous insistez, dans cette série d'émissions passionnantes, sur le lien entre l'histoire des Stones et la notre/la votre. Vous dites "si cette histoire est la notre et qu'elle nous a constitué dans ce que nous sommes" et c'est ce point de vue/parti pris qui me semble passionnant.

Comment, pour vous personnellement, ce lien se fait ? et comment vous avez eu l'intuition que c'était un fil à tirer pour écrire cette histoire ?

 

François BON

Ça m’est assez difficile de retrouver précisément ce qui s’est passé. On était début 1965, les disques nous arrivaient avec retard, peu d’entre nous avaient des électrophones personnels, et c’est seulement les 45 tours déjà « grands publics » qui nous parvenaient. Je crois que c’est plus tard aussi, plutôt 67-68, qu’on commencerait à lire les mensuels type Rock’n Folk et Best, et de toute façon on avait pas de sous.

Dans mon souvenir, je revois clairement les pochettes des 45 tours de la période Satisfaction et avant, mais on écoutait tout systématiquement, Stones, Beatles, Who.

Par contre, les figures individuelles de chacun des membres du groupe nous provenaient déjà de façon beaucoup plus individuelle que pour les Beatles par exemple. Celles de Keith et Brian en premier lieu (pour nous garçons). Donc la construction progressive d’un modèle identitaire, à mesure qu’on entrait dans l’adolescence, qui m’accompagnerait jusqu’à la Terminale, ponctuée par les disques successifs (et quels disques…) de Aftermath et Beggars Banquet, écouté des milliers de fois, le live Get Yers, enfin Let It Bleed…

Ensuite, disons de 74 (le folk) jusque vers 82/83 (mon premier livre) j’ai complètement lâché le rock.

Mais après mon premier livre, j’avais besoin de me ré-immerger dans les figures de l’adolescence, et j’ai commencé à me racheter les cassettes (j’écoutais sur un Grundig à cassettes) de tout ce qui avait compté. La figure de Keith a pris alors son ampleur et j’ai commencé à lire tout ce que je trouvais (en anglais) sur les Stones.

 

D’abord comme une sorte d’arrière-fond pour mes propres bouquins : par exemple le guitariste, dans « Limite », mon 2ème livre, en 1985, chante des rifs tirés des Stones, « Exil place publique » etc.

Progressivement j’ai compris qu’il me fallait une explication plus directe, et aller plus loin aussi que tous ces livres de témoignages que j’avais traversés (plus de 80, là actuellement). Le livre chez Fayard s’est écrit de 1996 à 2002, donc 6 ans de boulot mais après presque 10 ans de cheminement préalable.